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L’Association Française pour l’Information Scientifique (AFIS) m’a invitée, le samedi 30 mai 2015, pour faire une conférence sur Les Ravages des Faux Souvenirs ou la Mémoire Manipulée.
Elle s’est tenue dans la salle Dussane à l’École Normale Supérieure de la rue d’Ulm.
Brigitte Axelrad avec Anne Perrin Présidente de l’AFIS à la tribune Salle Dussane (ENS Paris)
L’amphithéâtre était plein pour l’occasion. Nous avons noté la présence entre autres du Professeur Paul Benssussan, psychiatre, expert auprès de la Cour de Cassation, de 2 représentantes de la Miviludes, de représentants des associations d’aide aux victimes et notamment 3 personnes du CCMM, de médecins, de psychologues et de nombreuses personnalités du monde scientifique, médical et universitaire. Enfin, plusieurs personnes victimes de cette dérive sectaire ont apporté leur témoignage. La conférence a été suivie d’un débat avec la salle. Les interventions ont été nombreuses et intéressantes. En voici quelques-unes :
– Des témoignages de plusieurs victimes, dont certaines font un procès à leur thérapeute, faux souvenir par EMDR, une étudiante en philo mise sous emprise et victime d’un thérapeute des TMR lui fait un procès…
– Le Dr. Paul Bensussan, de façon très directe, est revenu sur le rôle et l’éthique des experts, sur la « valeur thérapeutique » présumée du procès pour la victime.
– Un psychologue a demandé comment on pouvait compter les praticiens des TMR, quel était le critère pour savoir si un praticien pratique une TMR, et que, lorsqu’il tape « Thérapie de la mémoire retrouvée » sur Google, il ne trouve rien d’exploitable.
– Un psychanalyste a demandé des détails méthodologiques concernant les études chiffrées de Lawrence Patihis et Élisabeth Loftus. Par exemple, il a mis en doute les pourcentages de praticiens reconnaissant l’existence de la notion de « refoulement », en justifiant que tous les praticiens interrogés n’avaient peut-être pas la même notion de ce qu’est le refoulement.*
– Ce thérapeute a aussi réagi à la remarque faite par la représentante de la Miviludes, qui disait qu’il fallait se référer aux listes maintenues par les ARS (Agences régionales de Santé) pour savoir quel praticien consulter. Il a dit que les listes en question n’étaient pas la seule manière de s’informer, car il existe aussi des organisations professionnelles de praticiens qui respectent une certaine éthique et qui éditent aussi leurs propres listes de praticiens qui « travaillent sérieusement ».
– Intervention de Jean Paul Krivine, rédacteur en chef de Science et Pseudosciences, qui rappelle que cela amène aussi à la discussion du fondement scientifique des pratiques.
– Interventions de la Miviludes et du CCMM
– Comment désinhiber les victimes manipulées (sentiment de honte, culpabilité…)
– Y a-t-il une méthode pour effacer un faux souvenir implanté ?
– En dehors des thérapeutes quelqu’un de la famille peut-il jouer ce rôle et implanter de faux souvenirs ?
– Coût de la thérapie : Selon une auditrice, la thérapie des faux souvenirs a été pratiquée sur une victime sans ressources (au RSA)
– Les femmes sont-elles plus facilement victimes des thérapeutes des TMR que les hommes ?
– ….
*Note sur les détails méthodologiques de l’étude Patihis-Loftus:
L’enquête a pris environ 20 min pour être mise en œuvre, et a été menée en ligne au moment et au lieu choisi par les participants. Ceux-ci étaient au nombre de 1376 dont :
– 203 psychologues cliniciens membres d’associations scientifiques, chercheurs scientifiques sur la mémoire,
– 58 psychologues cliniciens,
– 82 psychanalystes,
– 176 thérapeutes alternatifs (PNL, familiales, hypnothérapeutes…)
– étudiants en premier cycle en psychologie,
– grand public
Le questionnaire comprenait notamment les questions suivantes :
→ Les souvenirs refoulés peuvent-ils être récupérés en thérapie avec précision ?
→ Avec un effort, pouvons nous nous souvenir des événements jusqu’à la naissance ?
→ L’hypnose peut-elle récupérer avec précision des souvenirs qui, auparavant, n’étaient pas connus de la personne ?
→ Quand quelqu’un a un souvenir d’un traumatisme, lorsqu’il est sous hypnose, cela doit objectivement avoir eu lieu ?
→ Aidez-vous le client à récupérer des souvenirs d’abus sexuels de l’enfance ?
→ À un certain moment au cours du traitement, dites-vous au client que vous soupçonnez une histoire d’abus sexuel ?
→ L’incapacité à se souvenir des événements de la petite enfance pourrait-il signifier la preuve d’un traumatisme refoulé ?
→ À certains moments, les médias ont rapporté que la récupération des souvenirs traumatiques refoulés peut être peu fiable et a conduit à la condamnation de personnes innocentes. Croyez-vous ces souvenirs étaient vraiment faux?
→ Est-il possible de suggérer de faux souvenirs à quelqu’un qui les incorpore alors comme de véritables souvenirs ?
→ Si une chaine d’information rapporte l’histoire d’un individu en thérapie qui révèle des souvenirs refoulés, quelle est la probabilité que vous croyiez à cette histoire?
→ Si un ami(e) actuellement en thérapie a rapporté des souvenirs refoulés d’abus sexuels, et qu’il n’avait pas ce souvenir avant le traitement, seriez-vous susceptible de le (ou la) soutenir dans cette croyance?
→ Pensez-vous plausible, qu’une personne ait été victime d’abus sexuels dans l’enfance, même si la personne est incapable de se souvenir de l’abus?
→ La mémoire est constamment reconstruite et change à chaque fois nous nous souvenons de quelque chose.
Rappel important : J’ai bien entendu insisté sur le fait qu’il ne s’agit pas de nier l’existence et la gravité des abus sexuels avérés. La lutte contre ceux qui les commettent doit être sans merci.
La conférence
Avant-propos
J’ai tout d’abord présenté la guerre de souvenirs qui a eu lieu aux États-Unis avec les 2 camps en présence :
- les psychothérapeutes scientifiques et les chercheurs sur la mémoire qui exigent des preuves objectives et
- certains psychothérapeutes cliniciens qui mettent en avant la vérité subjective de leurs patients.
La thérapie de la mémoire retrouvée (TMR) : recouvre une grande variété de techniques thérapeutiques qui se basent sur trois affirmations :
- 1- les symptômes actuels du patient sont causés par des expériences traumatisantes, telles que des abus sexuels, subies dans l’enfance
- 2- les souvenirs de ces événements ne sont pas conscients
- 3- rendre ce souvenir conscient (ou au moins reconnaître que le traumatisme s’est produit) est essentiel à la réussite du traitement.
Plan de l’exposé
Manipuler les souvenirs est facile
Les faux souvenirs peuvent être inventés ou fabriqués
Loftus donne la recette de la fabrication expérimentale d’un faux souvenir
Peut-on différencier vrais et faux souvenirs ?
Les techniques actuelles peuvent-elles différencier un vrai d’un faux souvenir ?
Des faux souvenirs peuvent être induits par les thérapies de la mémoire retrouvée
Évolution du phénomène aux États-Unis
Pourquoi ce déclin aux États-Unis alors qu’il persiste en France, en Grande-Bretagne et dans d’autres pays ?
Les procédés suggestifs pour “faire parler l’inconscient ” et faire surgir le refoulé.
Le mythe de l’hypnose
Les ravages
- Le scénario des TMR est toujours le même
- Conséquences sur les patient(e)s, les familles
- Les résultats de la manipulation “réussie”
- Une emprise mentale et une dérive sectaire
Les principales raisons de l’adhésion du patient à la thérapie
Pourquoi est-il si difficile de sortir d’une thérapie de la mémoire retrouvée?
La sociologie des victimes des TMR
Les origines du “syndrome des faux souvenirs”
En France qui sont les thérapeutes des faux souvenirs ?
Le débat autour du refoulement et de la mémoire
La guerre des souvenirs est-elle finie ?
Le débat sur l’allongement du délai de prescription : La loi peut-elle ignorer la science?
Conclusion : Comment pourrait-on éviter ces ravages ?
2015 05 31 conf paris
La conférence à Paris sur les faux souvenirs induits
L’Association Française pour l’Information Scientifique (AFIS) a organisé, le samedi 30 mai 2015, une conférence de B. Axelrad sur Les Ravages des Faux Souvenirs ou la Mémoire Manipulée. Elle s’est tenue dans la prestigieuse salle Dussane à l’École Normale Supérieure de la rue d’Ulm. L’amphithéâtre était bien plein pour l’occasion. Nous avons noté la présence entre autres : le psychiatre le Professeur Paul Benssussan, expert auprès de la Cour de Cassation, de 2 représentantes de la Miviludes, de représentants des associations d’aide aux victimes et notamment 3 personnes du CCMM, des médecins, des psychologues et un psychanalyste, et de nombreuses personnalités du monde scientifique, médical et universitaire, enfin plusieurs personnes victimes de cette dérive sectaire ont apportées leur témoignage.
La conférence a été suivie d’un débat avec la salle. Les interventions ont été nombreuses et intéressantes. En voici quelques-unes :
- Des témoignages de plusieurs victimes, dont certaines font un procès à leur thérapeute, faux souvenir par EMDR, une étudiante en philo mise sous emprise et victime d’un thérapeute des TMR lui fait un procès…
- Le Dr. Paul Bensussan, de façon très directe, est revenu sur le rôle et l’éthique des experts, sur la « valeur thérapeutique » présumée du procès pour la victime.
- Un psychologue a demandé comment on pouvait compter les praticiens des TMR, quel était le critère pour savoir si un praticien pratique une TMR, et que, lorsqu’il tape « Thérapie de la mémoire retrouvée » sur Google il ne trouve rien d’exploitable.
- Un psychanalyste a demandé des détails méthodologiques concernant les études chiffrées de Lawrence Patihis et Élisabeth Loftus. Par exemple, il a mis en doute les pourcentages de praticiens reconnaissant l’existence de la notion de « refoulement », en justifiant que tous les praticiens interrogés n’avaient peut-être pas la même notion de ce qu’est le refoulement.*
*Note : Le questionnaire de l’étude comprenait notamment les questions suivantes :
Les souvenirs refoulés peuvent-ils être récupérés en thérapie avec précision ?
L’hypnose peut-elle récupérer avec précision des souvenirs qui, auparavant, n’étaient pas connus de la personne ?
Aidez-vous le client à récupérer des souvenirs d’abus sexuels de l’enfance ?
À un certain moment au cours du traitement, dites-vous au client que vous soupçonnez une histoire d’abus sexuel ?
L’incapacité à se souvenir des événements de la petite enfance pourrait-il signifier la preuve d’un traumatisme refoulé ?
- Ce thérapeute a aussi réagi à la remarque faite par la représentante de la Miviludes qui disait qu’il fallait se référer aux listes maintenues par les ARS (Agences régionales de Santé) pour savoir quel praticien consulter. Il a dit que les listes en questions n’étaient pas la seule manière de s’informer, car il existe aussi des organisations professionnelles de praticiens qui respectent une certaine éthique et qui éditent aussi leurs propres listes de praticiens qui « travaillent sérieusement« .
- Intervention de Jean Paul Krivine, rédacteur en chef de Science et Pseudosciences, rappelle que cela amène aussi à la discussion du fondement scientifique des pratiques.
- Interventions de la Miviludes et du CCMM
- Comment désinhiber les victimes manipulées (sentiment de honte, culpabilité…)
- Y a-t-il une méthode pour effacer un faux souvenir implanté ?
- En dehors des thérapeutes quelqu’un de la famille peut-il jouer ce rôle et implanter de faux souvenirs ?
- Coût de la thérapie : Thérapie des faux souvenirs sur une victime sans ressource (au RSA)
- Les femmes sont-elles plus facilement victimes des thérapeutes des TMR que les hommes ?
- ….
Rappel important : Il ne s’agit pas ici de nier l’existence et la gravité des abus sexuels avérés. La lutte contre ceux qui les commettent doit être sans merci.
La conférence en résumé
La conférencière a tout d’abord présenté la guerre de souvenirs qui a eu lieu aux États-Unis avec les 2 camps en présence : les psychothérapeutes scientifiques et les chercheurs sur la mémoire qui exigent des preuves objectives et certains psychothérapeutes cliniciens qui mettent en avant la vérité subjective de leurs patients.
Les TMR : Thérapies de la mémoire retrouvée
“La guerre des souvenirs”
La guerre de souvenirs qui a eu lieu aux États-Unis avec les 2 camps en présence :
- les psychothérapeutes scientifiques et les chercheurs sur la mémoire qui exigent des preuves objectives et
- certains psychothérapeutes cliniciens qui mettent en avant la vérité subjective de leurs patients.
La thérapie de la mémoire retrouvée : recouvre une grande variété de techniques thérapeutiques qui se basent sur trois affirmations :
- 1- les symptômes actuels du patient sont causés par des expériences traumatisantes, telles que des abus sexuels, subies dans l’enfance
- 2- les souvenirs de ces événements ne sont pas conscients
- 3- rendre ce souvenir conscient (ou au moins reconnaître que le traumatisme s’est produit) est essentiel à la réussite du traitement.
Les grands mythes de la psychologie populaire : 50 myths of popular psychology de Scott O. Lilienfeld, Steven Jay Lynn, John Ruscio & Barry 2012
Manipuler les souvenirs est facile comme l‘a montré la télévision Suisse Romande (vidéo)
Les faux souvenirs peuvent être inventés ou fabriqués comme l’a démontré Élizabeth Loftus.
(Perdu dans un centre commercial, Bugs Bunny, Voyage en montgolfière avec son père…
La recette de la fabrication expérimentale d’un faux souvenir par E. Loftus :
- Rendre l’évènement plausible,
- Raconter plusieurs fois l’histoire “enrichie”,
- Demander aux sujets de raconter leur histoire plusieurs mois plus tard
Aucune expérience n’a pu être faite sur le processus mental de déconditionnement par lequel on prend conscience de la fausseté du “souvenir”.
Même les aveux ne sont pas toujours vrais : l’expérience en 2015 de Julia Shaw le prouve. Revue AFIS N°312
Peut-on différencier vrais et faux souvenirs : sans corroboration indépendante ou examen clinique, ADN, c’est impossible (É. Loftus). Les critères invoqués de clarté, précision, vivacité, émotion, qui accompagnent le récit ne sont pas probants : un faux souvenir peut être aussi clair, précis, vif, émotionnel, qu’un vrai.
Les techniques peuvent-elles différencier un vrai d’un faux souvenir?
“À notre connaissance, personne n’a développé une procédure neurophysiologique qui peut être utilisée pour prédire si un souvenir est vrai ou faux. Nous considérons cela comme une orientation importante pour la recherche future.” Selon Daniel M. Bernstein et Elizabeth F. Loftus, 2009, Université de Washington et Université de Californie, Irvine.
Les faux souvenirs induits par les thérapies de la mémoire retrouvée
- Pourquoi et comment rechercher des souvenirs en thérapie ?
- Définition du “faux souvenir induit”
- Histoires de cas étudiés par E. Loftus (Beth Rutherford, Holly Ramona ….)
- Évolution du phénomène aux États-Unis
- Pourquoi ce déclin aux États-Unis alors qu’il persiste en France, en Grande-Bretagne et dans d’autres pays ?
Évolution du phénomène aux États-Unis
Pourquoi ce déclin aux États-Unis alors qu’il persiste en France, en Grande-Bretagne et dans d’autres pays ?
- La création de la False Memory Syndrome Foundation en 1992, à Philadelphie.
- La constitution d’un Comité scientifique de la FMSF dont font partie entre autres Martin Gardner, James Randi, Fred Frankel, E Loftus, Paul McHugh, Richard McNally, etc. avec le soutien du Skeptical Inquirer et la publication de nombreux livres et études sur ce sujet. Les recherches en psychologie scientifique et en neurosciences continuent.
- L’information des professionnels, des journalistes, des juristes, etc.
- Les procès de certains thérapeutes de la mémoire retrouvée qui prennent le pas sur les procès des parents accusés par leurs enfants.
Les ravages
Les ravages des TMR chez les patient(e)s : pensées suicidaires, perte de leur emploi, divorce, perte de la garde des enfants, rupture avec la famille… Sources – Brain Stains Scientific American Mind, October 2007.
Le scénario des TMR est toujours le même : Le thérapeute pousse ses patients à accuser souvent publiquement leurs parents : c’est dit-il une “étape thérapeutique nécessaire”.
Ils les incitent à rompre avec leurs parents, leurs amis, tous ceux qui doutent des accusations et à persuader leurs frères et sœurs de se mettre dans leur camp. Disent que “ce genre de choses arrive dans les “meilleures familles”.
Conséquences :
- Explosion de la famille, détresse des parents, dépressions et suicides fréquents.
- Aggravation de l’état du patient.
- Le thérapeute prend ainsi auprès du patient la place occupée jusque-là par les parents qualifiés de “toxiques”.
Divers procédés suggestifs non validés pour “faire parler l’inconscient ” et faire surgir le refoulé.
- l’imposition des mains, l’association libre, la régression, le rebirth
- l’interprétation des rêves
- l’imagerie guidée : les flashs “tranches exactes de l’abus”
- le jeu de rôles
- la thérapie de groupe
- les photos de famille
- la canalisation
- des interrogatoires répétitifs et des questions biaisées
- l’
- …
Illustrés par 4 vidéos
Le mythe de l’hypnose
L’hypnose permet-elle de récupérer les souvenirs perdus ?
Hypnose et justice en France
Les résultats de la manipulation “réussie”
C’est le scénario d’une emprise mentale et d’une dérive sectaire : Philippe-Jean Parquet, professeur de psychiatrie (Lille), spécialiste de l’emprise mentale, a décrit ce scénario au cours de son audition à la Commission sénatoriale en novembre 2012.
Les principales raisons de l’adhésion du patient à la thérapie
Pourquoi est-il si difficile de sortir d’une thérapie de la mémoire retrouvée?
La sociologie des victimes des TMR : Le niveau d’études des patients qui accusent leurs parents : les 2/3 ont suivi des études universitaires. La résistance à la manipulation n’est pas corrélée avec le niveau d’études.
La sociologie des parents accusés : les classes moyennes à 90%
Les personnes accusées : le père 82%, la mère : 9,6 % (plus souvent accusée de complicité)
Enquête effectuée aux États-Unis en mars 2001 et publiée dans “The Journal of Nervous and Mental Disease” en août 2004. Paul McHugh, Try to Remember: Psychiatry’s Clash over Meaning, Memory, and Mind, 15 novembre 2008.
Les origines du “syndrome des faux souvenirs”
- L’impact culturel de la pensée freudienne dans les sociétés occidentales : Les 7 concepts
- Les théories : La séduction, La théorie du complexe d’Œdipe et du fantasme
- les réactions du mouvement féministe aux États-Unis à l’abandon de la théorie de la séduction
- Un livre phare : The Courage to Heal: La liste interminable des symptômes de l’abus :
En France qui sont les thérapeutes des faux souvenirs ?
- Certains sont issus des professions paramédicales (kiné, infirmières, etc.),
- Certains sont des psys autoproclamés,
- Certains sont des psychiatres diplômés, des psychiatres-psychanalystes, des psychanalystes non-médecins, des psychologues.
Ils croient que c’est en creusant dans le passé pour y déterrer des traumatismes qu’on va trouver la cause du mal-être présent et que le récit du souvenir va amener la guérison. Mais comment guérir de quelque chose qui n’a peut-être jamais eu lieu?
L’attitude des thérapeutes des TMR face aux souvenirs retrouvés en thérapie
On peut distinguer 3 attitudes:
- Certains thérapeutes supposent simplement que les souvenirs retrouvés sont vrais sans nécessité de confirmation indépendante et de preuve.
- D’autres thérapeutes mettent de côté la question de l’exactitude des faits, ce qui importe, c’est “que les souvenirs soient vrais pour lui ou elle.”
Deux vérités s’affrontent : la vérité scientifique et la vérité thérapeutique.
- D’autres encore s’abstiennent de douter ou de critiquer pour créer un “environnement thérapeutique favorable” au soutien du patient et à son acceptation de la thérapie.
John F. Kihlstrom , The Trauma-Memory Argument and Recovered Memory Therapy, Yale Univ, 1996, réact.2007
Le débat autour du refoulement et de la mémoire
- Caractéristiques de la mémoire
- Le débat à propos des souvenirs d’enfance
- Oubli et amnésie, une réalité scientifique
Le débat à propos du refoulement : “ La notion que l’on peut être gravement traumatisé et totalement ignorant d’avoir été traumatisé grâce au refoulement est un morceau de folklore dénué de tout fondement scientifique convaincant.” Richard McNally, entretien avril 2015, SPS 312
La guerre des souvenirs est-elle finie ?
Étude de Lawrence Patihis, Elizabeth Loftus, Scott Lilienfeld (2013)
“Are the “Memory Wars” Over? A Scientist – Practitioner Gap in Beliefs About Repressed Memory”, in Beliefs About Repressed Memory (Source : Memory Wars Over? Psychological Science 2013)
Conclusion : en dépit des études scientifiques, le pourcentage des praticiens qui croient au refoulement n’a pas changé de 1994 à 2013.
Le débat sur l’allongement du délai de prescription : La loi peut-elle ignorer la science?
L’AFIS reprend à son compte la conclusion énoncée par le Pr Scott O. Lilienfeld (entretien SPS 312, nov. 2014-avril 2015) :
“Nous devons nous tourner vers des données bien établies, pas vers des intuitions viscérales. Nous devons distinguer les faits scientifiques de la fiction scientifique.”
Comment éviter ces ravages ?
- Grâce à une attitude scientifique du thérapeute et à une attitude d’écoute et de respect du patient.
- Tout thérapeute devrait s’informer et informer le patient du risque de faux souvenirs inhérent à la thérapie.
- le psy s’obligerait ainsi lui-même à se rendre vigilant vis-à-vis de ce risque, et le patient à garder son libre-arbitre.