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par Brigitte Axelrad – SPS n° 299, janvier 2012 publié par l’AFIS
Le géotagging.
La popularité des smartphones auprès du grand public révèle un nouveau problème de protection de la vie privée : les dangers du géotagging.[1]
Les chercheurs de l’International Computer Science Institute (ICSI), du Lawrence Berkeley Lab en Californie [2], ont publié leurs derniers travaux concernant le cybercasing, un vocable utilisé par les chercheurs pour désigner la façon dont les textes, les photos et les vidéos contenant des données de géolocalisation peuvent être utilisées à l’insu du propriétaire.
Les nouveaux produits électroniques (smartphones, tablettes, appareils photo et caméra vidéos) font de plus en plus usage de puces GPS, de la triangulation par WiFi, pour ajouter des données de géolocalisation aux enregistrements et permettent de les diffuser, sur Twitter, Picasa, ou YouTube…
En utilisant des sites tels que Google Street View, Twitter et Youtube, et un site de petites annonces pour la vente d’objets personnels, appelé Craigslist, les chercheurs de ICSI ont croisé les informations accessibles en ligne et trouvé avec précision l’adresse des personnes concernées, y compris de celles ayant publié des informations de façon anonyme. Les adresses ont été trouvées en quelques minutes !
Les utilisateurs de ces appareils sont-ils conscients que les informations sont partagées avec le monde entier avec une précision de l’ordre du mètre ? À titre d’exemple, un vélo, à vendre sur Craigslist, photographié devant la porte du garage de la maison de son propriétaire a permis à un voleur « geek » de trouver son adresse grâce à Street View !
En outre, la mention, dans l’annonce, des heures durant lesquelles le vendeur préfère qu’on l’appelle révèle à un cambrioleur branché les tranches horaires durant lesquelles sa maison sera vide. Pour Youtube, les chercheurs de l’ICSI ont écrit un petit programme qui reconnaît le lieu de tournage et qui a permis de déduire que le propriétaire de la caméra était en vacances avec sa famille.
On savait déjà que les parents pouvaient localiser leurs enfants avec un téléphone portable, ce qui est dans bien des cas une bonne chose, ou un employeur, son employé, ce qui l’est peut-être un peu moins, mais la géolocalisation et le stockage de ces données apportent des possibilités encore plus étendues. On peut ainsi reconstituer l’historique des déplacements d’un individu.
Le respect de la vie privée en question.
Ces possibilités de détournement de l’usage de la géolocalisation ne doivent cependant pas faire oublier tous les bénéfices de cette technique grâce à son smartphone connecté à Internet, comme, par exemple, trouver un commerce, un restaurant, une pharmacie ou l’hôpital les plus proches du lieu où l’on se trouve.
Mais le législateur saura-t-il traiter le problème du respect de la vie privée, des utilisations délictueuses de ces informations, sans pour autant mettre un frein au développement inéluctable et « follement » attrayant des applications numériques ? C’est tout le problème.
En attendant, la vigilance et l’information du public sont plus que jamais nécessaires. [3]
[1] http://fr.readwriteweb.com/2010/07/…
[2] http://www.icsi.berkeley.edu/pubs/n… Robin Sommer, Gerald Friedland, « Cybercasing the Joint : On the Privacy Implications of Geo-Tagging », International Computer Science Institute, Lawrence Berkeley National Laboratory