EMDR

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L’EMDR : un autre regard sur la psychothérapie ?

Écrit par Brigitte Axelrad, publié sur le blog de l’Observatoire Zététique(source: lien ci-dessus)
Lundi, 21 Janvier 2013 13:48

L’EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing « Désensibilisation et Reprogrammation par Mouvement des Yeux » ou encore « Intégration neuro-émotionnelle par les mouvements oculaires ») fait partie des nombreuses psychothérapies à la mode. Elle est utilisée dans le traitement des personnes ayant subi de graves traumatismes et souffrant du syndrome de stress post-traumatique (SSPT), appelé aussi état de stress post-traumatique (ESPT). [1]Il s’agit d’une technique thérapeutique qui se caractérise par l’utilisation de la stimulation double (dual attention stimulation). Tandis que le patient replonge dans des souvenirs d’évènements stressants, le thérapeute provoque périodiquement une stimulation sensorielle en déplaçant rapidement un doigt ou une lumière devant les yeux du patient. Celui-ci doit les suivre sans bouger la tête. La stimulation ainsi produite se répercuterait dans le cerveau limbique ou cerveau des émotions.

L’EMDR a été découverte en 1987 par Francine Shapiro, docteur en psychologie au Mental Research Institute de Palo Alto. La légende raconte qu’au cours d’une promenade elle aurait observé dans une sorte d’illumination que ses pensées négatives perdaient de leur intensité chaque fois qu’elle bougeait les yeux latéralement. Elle appliqua alors cette technique à un groupe de volontaires puis à des vétérans du Vietnam avant d’en publier les résultats en 1989. En 2002, elle reçut le prix Sigmund Freud pour son apport à la psychothérapie.


A qui s’adresse l’EMDR ?


Elle est utilisée par exemple pour traiter des cas de syndrome post-traumatique, comme les victimes d’accidents, d’attentats, les militaires après une embuscade, ou encore le traumatisme lié à un viol. L’accompagnement de la thérapie suggestive par le mouvement des yeux permettrait de réparer les blessures psychologiques par la stimulation neuronale.

A-t-on vérifié l’efficacité du procédé ?

C’est ce que l’on serait en droit d’espérer. Après les études de cas qui ne prouvaient rien, des travaux plus sérieux ont été publiés. Elle est reconnue comme efficace pour le traitement des syndromes post-traumatiques par l’INSERM depuis 2004, recommandée par la Haute Autorité de la Santé (HAS) qui intervient dans la validation des soins médicaux, depuis juin 2007. Cependant on n’explique toujours pas les causes de son efficacité. Des hypothèses sur les effets des mouvements des yeux sur le cerveau et les émotions sont avancées sans qu’aucune ne s’avère probante.


Quelle est l’efficacité du mouvement des yeux ?


En y regardant de plus près, les chercheurs se sont rendu compte qu’une thérapie EMDR ne se différencie d’une TCC [2] que par la technique du mouvement des yeux et qu’il n’y a pas de différence entre les résultats d’une thérapie avec mouvements des yeux et une TCC sans mouvement des yeux. D’où cette remarque de Richard Mc Nally : « Ce qui est efficace dans l’EMDR n’est pas nouveau, et ce qui est nouveau n’est pas efficace. ».[3]
Par ailleurs, autant une TCC peut rendre compte des raisons de son efficacité, autant l’EMDR en est incapable. [4] Les TCC comme la psychanalyse se fondent sur des intuitions et des hypothèses à priori, mais si la psychanalyse refuse les tests d’efficacité, les TCC acceptent de s’y soumettre. C’est ce qui leur donne leur caractère scientifique. Or les tests n’ont jamais permis d’évaluer l’efficacité propre au mouvement des yeux.


Quels souvenirs ?


Ajoutons qu’une chose est de travailler sur un souvenir réel corroboré par des preuves, autre chose est de travailler sur un souvenir qui aurait été « refoulé ». Et justement, l’EMDR postule que les troubles psychologiques proviennent d’évènements traumatisants la plupart du temps « refoulés » que la thérapie va permettre de ramener à la conscience.

La suggestion

De ce fait l’EMDR se rattache à la première théorie de Freud, théorie de la séduction, que lui-même abandonna essentiellement pour des raisons d’opportunité. Mais tandis qu’il la pratiquait, Freud amenait ses patientes par une suggestion pressante à retrouver le souvenir de scènes d’abus sexuels dont il prétendait qu’elles étaient directement causes de leur problèmes affectifs. Il les persuadait que c’était grâce à la remémoration de ces scènes traumatiques qu’elles parviendraient à la guérison. Depuis, on a étudié les effets puissants et les dangers de la suggestion du thérapeute sur son patient.


EMDR et hypnose


La technique du mouvement des yeux en suivant un doigt ou une lumière a des points communs avec l’hypnose. Beaucoup de thérapeutes pensent que l’hypnose permet de retrouver de façon fiable des souvenirs, fiabilité qui est infirmée par les chercheurs qui travaillent sur ce sujet. Un patient sous hypnose ou hypnotisé par le mouvement d’un doigt ou d’une lumière devant ses yeux devient particulièrement suggestible et peut être amené à « retrouver » des souvenirs d’évènements qui ne se sont jamais produits induits par le thérapeute.


L’EMDR est-elle dangereuse ?


La MIVILUDES dans son rapport de 2008 alerte sur le danger de l’EMDR : « Il s’agit d’une méthode thérapeutique censée permettre par les mouvements oculaires la remise en route d’un traitement adaptatif naturel d’informations douloureuses bloquées (par exemple après un choc traumatique), la mobilisation de ressources psychiques et la restauration d’une estime de soi déficiente. Mise en œuvre par des non-médecins hors de tout protocole de soins scientifiquement validé, cette méthode peut conduire à un risque d’emprise mentale. »  Cette dernière phrase peut laisser penser que seuls les thérapeutes non-médecins l’utilisent ou que seuls les non-médecins qui l’utilisent font courir le risque d’emprise mentale à leurs patients, or cette technique est utilisée aussi par des psychiatres, donc des médecins, ce qui ne change en rien le caractère non validé de la thérapie et ne préserve pas de sa dangerosité.

Carole Tavris, dans son avant-propos au livre Science and Pseudoscience in Clinical Psychology de Scott O. Lillienfeld,[5] rapporte ce propos de Knight Dunlap, cité dans Hornstein 1992 : « La psychanalyse tente de s’imposer en portant l’uniforme de la science afin de mieux l’étouffer de l’intérieur. » Elle ajoute que remplacer « psychanalyse » par « mouvements oculaires de désensibilisation et de retraitement » ne change pas le problème.  En effet, le vocabulaire employé pour décrire la théorie EMDR, largement emprunté aux neurosciences et à l’informatique, fait illusion et masque la faiblesse de ses bases et l’inutilité des mouvements oculaires.


EMDR, quelles limites ?


Il est de ce fait particulièrement important d’être conscient des limites de la théorie et de la technique de l’EMDR.
C’est pourquoi, les thérapeutes anglo-saxons qui redoutent par dessus tout les procès intentés par des patients ou leur famille font signer un document de « consentement éclairé » dans lequel ils précisent:
 » Les souvenirs refoulés font surface plus souvent en utilisant l’EMDR que par d’autres modalités. Il n’est pas inhabituel pour un souvenir cible d’être relié à  d’autres matériaux inattendus.
Il est important de noter que le matériau traumatique récupéré dans toutes les psychothérapies peut ou peut ne pas être précis historiquement et est soumis à une variété de contaminations comme le sont tous les souvenirs… La psychothérapie et l’EMDR ne peuvent absolument pas faire la différence entre des souvenirs qui sont exacts, ou bien déformés ou mensongers basés sur des rapports seuls, en l’absence de données qui corroborent ces affirmations. 
»

Le document s’achève par cette mention que doit signer le patient avant de commencer la thérapie : « J’ai également été spécialement informé de ce qui suit :
(a) Des souvenirs non résolus pénibles pourraient faire surface par l’utilisation de la procédure EMDR… […] Par ma signature ci-dessous, je donne mon consentement éclairé pour recevoir le traitement EMDR, libre de toute pression ou influence de toute personne ou entité. 
» [6]

Cette pratique n’existe pas en France.


Conclusion


L’EMDR peut être efficace comme toute thérapie, ne serait-ce que par le fait d’être écouté, mais le mouvement des yeux qui en fait la spécificité ne semble pas indispensable à sa réussite [7]. Il risque au contraire par son effet  hypnotique de rendre le patient plus vulnérable à la suggestion du psychothérapeute. De plus la croyance au caractère « refoulé » des souvenirs d’évènements traumatiques laisse sceptique dans la mesure où le « refoulement », issu de la théorie de Freud, n’a jamais pu être prouvé.

Brigitte Axelrad,

Professeur honoraire de psychosociologie


 Références


[1] http://www.emdr-france.org/
[2] thérapies cognitivo-comportementales :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Psychoth%C3%A9rapie_cognitivo-comportementale
[3] Mc Nally, R. J. (1999). On eye movements and animal magnetism: A reply to Greenwald’s defense of EMDR, Journal of Anxiety Disorders, 13, 617-620.
[4] http://www.uwyo.edu/psychology/_files/docs/doc3/herbert%20et%20al.%20emdr.pdf
[5] http://www.psyfmfrance.fr/documents/tavris_complet.pdf
[6] http://crystalhollenbeck.com/wp-content/uploads/2012/05/EMDR-Consent-Form-GA.pdf Traduction française :http://www.psyfmfrance.fr/documents/emdrconsent.pdf
[7] « L’EMDR : ça marche même si on ne bouge pas les yeux ! » de Nicolas Gauvrit
http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article913


Droit de réponse de L’association EDMR France :

Dans l’article pré-cité, Mme Axelrad évalue la méthode psychothérapeutique EMDR, ce qui est pour le moins étonnant compte tenu de sa formation de psychosociologue.

L’Association EMDR France tient à préciser que les informations rédigées dans l’article sont tout à fait inacceptables, d’une part car elles sont pour beaucoup erronées, et d’autre part, elles prouvent la méconnaissance de l’auteur sur le sujet dont elle prétend parler.

L’auteur écrit :  » on n’explique toujours pas les causes de son efficacité. Des hypothèses sur les effets des mouvements des yeux sur le cerveau et les émotions sont avancées sans qu’aucune ne s’avère probante. « 

Les mécanismes d’action ou principes actifs ne sont connus pour aucune psychothérapie, pas seulement l’EMDR. Il existe plusieurs recherches sur les facteurs neurobiologiques en jeu dans l’EMDR ainsi que sur les mécanismes d’action (certaines évaluant spécifiquement l’effet des mouvements oculaires, d’autres les effets combinés des différents composants du protocole EMDR) qui permettent bien de formuler plusieurs observations et hypothèses probantes (mémoire de travail, réponse d’orientation, etc.). Deux méta-analyses publiées en 2012 concluent à l’efficacité spécifique des mouvements oculaires (Lee & Cuijpers ; Jeffries & Davis). (voir les autres études dans le dossier de presse joint).

L’affirmation :  » l’EMDR postule que les troubles psychologiques proviennent d’évènements traumatisants la plupart du temps «refoulés » que la thérapie va permettre de ramener à la conscience  » est totalement fausse. S’il peut arriver qu’un patient retrouve des souvenirs ou des fragments de souvenirs inaccessibles jusque-là, ce qui est traité en EMDR, ce sont des souvenirs que le patient se rappelle spontanément. Le modèle du Traitement adaptatif de l’information qui sous-tend l’EMDR postule que ce qui est à la source des symptômes et troubles psychologiques, ce sont de souvenirs d’événements de vie difficiles, stockés de manière dysfonctionnelle ; la désensibilisation et le retraitement de ces souvenirs permet leur résolution adaptative et la diminution voire disparition des symptômes. Par conséquent l’EMDR n’est pas une thérapie fondée sur la suggestion ; le praticien EMDR Europe accrédité déterminera avec le patient les souvenirs à traiter, mentionnés par le patient lors du recueil de son histoire.

L’efficacité de la thérapie EMDR est actuellement mondialement reconnue notamment par L’American Psychiatric Association (2004), le National Institute for Clinical Excellence en Grande-Bretagne (2005) et en France par l’INSERM (2004) et par la HAS (Haute Autorité de Santé), depuis 2007, et par l’OMS (depuis 2012). Elle est la seule, avec la thérapie comportementale, à faire l’objet de recherches fondamentales en neurologie et psychoneurologie.

Le titre de Praticien EMDR-Europe est seul garant d’une véritable formation EMDR auprès du public et il est protégé au niveau international ; la formation à la pratique accréditée de l’EMDR est très rigoureuse.

Enfin, la commission de déontologie de l’Association EMDR-France étudie chaque année le cas des psychothérapeutes dont la légitimité à pratiquer la méthode, conformément au code de déontologie EMDR-Europe, serait douteuse. Ce contrôle et cette régulation sont effectués dans le but d’assurer la sécurité psychique et sociale des patients qui bénéficient de cette approche psychothérapeutique. Une négociation est actuellement en cours avec la Miviludes pour modifier les termes de la présentation de l’EMDR dans le Guide de santé sur les risques de dérives sectaires.

Les seuls praticiens qui ont reçu la formation spécifique à l’EMDR, et font le nécessaire travail de supervisions et de formation continue, sont présentés dans l’annuaire d’EMDR-France sur le site emdr-france.org. L’association EMDR-France invite donc le public à consulter le site, pour s’assurer de la légitimité de leur thérapeute à utiliser la méthode EMDR avec eux.

Il conviendrait que l’Observatoire Zététique révise son texte en conséquence, après examen de la littérature scientifique sur le sujet.

Pour info :
L’association EMDR France regroupe l’ensemble des Praticiens EMDR Europe accrédités, exerçant en France avec la méthode psychothérapeutique EMDR, qui allie les savoirs des modèles psychothérapeutiques anciens aux découvertes des neurosciences. L’EMDR est particulièrement efficace pour guérir rapidement des traumatismes psychologiques, mais également d’autres difficultés existentielles de nature psychopathologique (dépressions, phobies, troubles obsessionnels, addictions…)


Brigitte Axelrad répond point par point aux remarques de l’Association EMDR-France.


Ligne 1
Contrairement à l’affirmation de ce communiqué, cet article n’a pas la prétention d’évaluer l’EMDR.
Selon Wikipédia : « L’évaluation est une démarche qui vise à mesurer, quantifier (méthodes statistiques) et caractériser une situation, une entité, un résultat ou une performance de nature complexe et donc a priori difficilement mesurable. En Psychologie et en Psychiatrie, ce mot désigne une activité réalisée lors d’une expertise psychologique ou psychiatrique réalisée sur un patient. »

Ceci n’est pas l’objet de cet article.

Ligne 2
La mise en cause de ma compétence pour évoquer l’EMDR est déplacée et constitue une attaque ad hominem à laquelle je ne répondrai pas. Toutefois, François Grandemange, webmestre de charlatans.info, à qui la question de sa compétence est souvent posée, dit y répondre ainsi :

« Question : Qui êtes-vous ? Je ne vois rien sur le site qui puisse vous identifier, et connaitre vos qualifications ?
Réponse : Des références, notes et ouvrages sont proposés afin de parfaire cette analyse et aller plus loin. Les titres, diplômes et qualifications ne rendront pas un argument plus convaincant en soi, ni plus vrai, s’il n’est accompagné de preuves; et à ce titre, être « docteur », « professeur » ou « président » n’exonère pas de dire des âneries, les exemples sont multiples. Le webmaster n’appartient à aucun parti politique, ni n’est payé par une quelconque industrie. »

Ligne 4
L’accusation selon laquelle les informations données sont « tout à fait inacceptables » et « pour beaucoup erronées » est sans fondement. Toutes les informations données dans l’article sont au contraire référencées avec précision.

Ligne 12
En ce qui concerne l’ « efficacité spécifique des mouvements oculaires »,

  • les Sceptiques du Québec écrivent :
    « Lorsqu’on a montré que certains thérapeutes obtenaient des résultats semblables à ceux de la désensibilisation traditionnelle auprès de patients aveugles à l’aide de tonalités et de claquements de doigts, Shapiro a fini par reconnaître que la composante des mouvements oculaires n’était pas essentielle au traitement, en ajoutant qu’on s’en prenait à elle en utilisant des arguments ad hominem sans valeur. »
  • Le site charlatans.fr conclut sur ce point :
    « Il existe effectivement des études qui ont montré que l’EMDR marchait. Mais une approche méthodologiquement impeccable devrait prendre en considération plus sérieusement la question de la plausibilité de son mécanisme, et à partir de là, de conclure si l’EMDR possède réellement une efficacité qui lui est propre. »

C’est bien ce qui est dit dans l’article.

Ligne 16
En ce qui concerne les souvenirs refoulés, EMDR-France affirme : « Ce qui est traité en EMDR ce sont des souvenirs que le patient se rappelle spontanément. »

Cette affirmation du communiqué est contredite :

  1. par les praticiens américains de l’EMDR comme, par exemple, le Dr David R. Henson qui fait signer à ses patients le consentement éclairé suivant pour la pratique de l’EMDR (comme mentionné dans l’article, en anglais et en français) :
    « Les souvenirs refoulés font surface plus souvent en utilisant l’EMDR que par d’autres modalités. Il n’est pas inhabituel pour un souvenir cible d’être relié à  d’autres matériaux inattendus.  Il est important de noter que le matériau traumatique récupéré dans toutes les psychothérapies peut être fiable historiquement ou ne pas l’être, il est soumis à une variété de contaminations comme le sont tous les souvenirs. »Et également :
    “La psychothérapie et l’EMDR ne peuvent absolument pas faire la différence entre des souvenirs qui sont exacts, déformés ou faux basés sur les seuls récits, et en l’absence de données qui corroborent ces affirmations. »
  2. Elle est contredite aussi par les témoignages de patients de l’EMDR. Pour en citer deux :Une patiente traitée par EMDR par une thérapeute inscrite sur la liste Bipe, EMDR Belgique et formée par David Servan-Schreiber, écrit le vendredi 14 février 2009 à 16 :26 sur le site guerir.org :
    « Bonjour,
    J’ai une question très importante à vous poser : En juin 2007, lors d’une séance EMDR, mon corps m’a fait « comprendre » que j’aurais subi l’inceste de la part de mon père. Malheureusement, je n’en ai pas de souvenir mais depuis tout ce temps (donc, depuis plus d’un an et demi), nous laissons le corps « sortir » tout ce qui est à l’intérieur de lui (manifestations évidentes de fellations, entre autres) et cela revenait toujours à la même chose : un viol.
    Après les manifestations physiques sont venus les mots : j’ai hurlé « Papa !! », j’ai exprimé des mots (bobo, là, …) et je commence à dire des phrases depuis peu. »Un patient : Forum transe-hypnose Posté le Mardi 17 Avril 2012 à 12:22 par Fripon :
    « Bonjour,
    Je réalise actuellement une thérapie EMDR (côté patient) avec une thérapeute EMDR (certifié EMDR France) dont je ne doute pas des compétences (j’ai déjà vu des rigolos donc je pense savoir ce que c’est). Dans le processus EMDR, il y a une chose qui me dérange : il semble que cela soulève des « souvenirs » qui ne me rappellent rien. Je me demande s’il est possible que mon cerveau ait fait l’impasse sur ça. Mais il y a aussi la notion de « faux souvenir induit » qui m’inquiète. De plus mon souvenir ne me paraît pas vraiment cohérent, est-ce qu’il pourrait y avoir une part de fabriqué dans tout cela ? »Les témoignages se trouvent ici : http://www.psyfmfrance.fr/forum.php#chap9b
    Ce qui montre que l’affirmation qui figure dans le communiqué : « Par conséquent l’EMDR n’est pas une thérapie fondée sur la suggestion […] » est inexacte.
  3. Ceci est contredit aussi dans la publication suggérée par EMDR-France dans son Dossier de presse :
    « A meta-analysis of the contribution of eye movements in processing emotional Memories Christopher William Lee a,*, Pim Cuijpers School of Psychology, Murdoch University, South St., Murdoch WA 6150, Australia b Department of Clinical Psychology and EMGO Institute for Health and Care Research, VU University and VU University Medical Center Amsterdam, The Netherlands »La conclusion de l’étude est la suivante : « L’objectif de cette méta-analyse était d’examiner les études courantes publiées visant à vérifier si les mouvements oculaires affectent de manière significative le traitement des souvenirs pénibles. »
    En voici la dernière phrase (traduite de l’anglais) :
    « Cependant, les résultats des études à ce jour suggèrent que les mouvements oculaires modifient le traitement des souvenirs émotionnels. »S’il y a « modification » du traitement des souvenirs émotionnels, il y a alors de toute évidence suggestion et possibilité de manipulation des dits souvenirs.

Ligne 22
Le communiqué affirme que « l’efficacité de la thérapie EMDR est actuellement reconnue par l’American Psychiatric Association 2004 »

Les Sceptiques du Québec ne semblent pas être de cet avis en ce qui concerne l’APA :
« Selon le Dr. Hume, Shapiro a rebaptisé son invention « thérapie de retraitement » et affirme maintenant que les mouvements oculaires ne sont plus nécessaires! Peut-être qu’aucun de ces mouvements n’est nécessaire pour restructurer la mémoire. Autrement dit, la désensibilisation demeure une technique controversée. Ce qui n’a pas empêché Shapiro et ses disciples de certifier des milliers de thérapeutes en désensibilisation.
Si l’American Psychological Association (APA) s’est bien gardée d’approuver cette technique controversée, elle ne l’a pas désapprouvée non plus. Selon Pamela Willenz, du Bureau des affaires publiques de l’APA, « il est rare que l’APA approuve ou désapprouve des thérapies. L’APA n’approuve ni ne désapprouve la désensibilisation en tant que thérapie. Il est vrai, cependant, que l’Association reconnaît certaines thérapies, et qu’elle reconnaît la désensibilisation comme un certain type de thérapie. Nous offrons d’ailleurs des crédits pour les psychologues qui veulent apprendre la désensibilisation ». Cette pratique de l’APA, qui consiste à ne pas approuver et à ne pas désapprouver, nous en dit plus long sur l’Association que sur la désensibilisation. Si, à tout le moins, l’APA établissait une distinction entre les thérapies qui donnent des résultats probants et celles qui demeurent controversées, la chose serait fort utile pour les consommateurs. Pas besoin d’être expert en quoi que ce soit pour reconnaître que la désensibilisation est un type de thérapie. »

Ligne 23
L’article « L’EMDR : un autre regard sur la psychothérapie ? » mentionne la reconnaissance par l’INSERM (2004) et la HAS (2007) de l’efficacité de l’EMDR pour le traitement des syndromes post-traumatiques signalées dans le communiqué.

Ligne 28
« La commission de déontologie de l’Association EMDR-France étudie chaque année le cas de psychothérapeutes dont la légitimité à pratiquer la méthode […] serait douteuse. »

Il semble que la pratique de l’EMDR rassemble des praticiens de toutes catégories. En effet, l’annuaire EMDR-France comprend en partie des médecins et des psychiatres ou des praticiens qui se présentent comme psychanalystes, psychologues, psychothérapeutes. On trouve aussi des psychopraticiens, coach, thérapeute familial, médecin acupuncteur, hypnothérapeute, docteur en psychologie, ou sophro-analyste.

Dans l’annuaire des médecines parallèles, on trouve entre autres un praticien EMDR qui est psychothérapeute CEP, somatothérapeute, relaxologue, sophrologue, master en Rebirth et PNL ou encore une infirmière diplômée d’État, naturopathe, iridologue et EMDR, etc.

Est-on sûr que tous ces praticiens font signer à leurs patients un document de consentement éclairé comme cela est de rigueur aux Etats-Unis ?

Ligne 31
En ce qui concerne la MIVILUDES citée précisément dans l’article, le communiqué mentionne : « Une négociation est actuellement en cours avec la MIVILUDES pour modifier les termes de la présentation de l’EMDR dans le Guide de santé sur les risques de dérives sectaires. » Nous avons hâte d’en connaître le résultat !


« Nous en avons conclu par raison ». (Oresme)


Dans un article du Cercle Psy (1) de septembre 2012, intitulé « L’EMDR se met-elle le doigt dans l’œil ? », JF Marmion écrit : «  EMDR à toutes les sauces ? Pour résumer on ne comprend pas comment ça marche, mais ça marche. Au fait… ça marche vraiment ? Cyril Tarquinio [Praticien EMDR et superviseur EMDR agréé. Professeur de psychologie de la santé à l’université Paul Verlaine de Metz] évoque un millier de publications sur le sujet  de l’EMDR, de nombreux travaux donc, mais « qui ne présentent pas encore toutes les garanties d’évaluation scientifique. Les cliniciens témoignent avec une certaine ferveur, seulement « cela ne règle rien : cela amène plein d’interrogations. »

Jacques Roques [actuel vice-président d’EMDR-France] est sur la même longueur d’ondes : « Ce que l’EMDR soigne le mieux, sans conteste, c’est le traumatisme psychique. Les gens le trainent pendant des années, mais avec l’EMDR, c’est comme si vous enleviez une écharde. Pourtant, cela ne résout pas tout d’un seul coup : si la personne était dépressive avant le traumatisme, il faut aussi soigner séparément la dépression.
[…] Sans les connaissances suffisantes sur les symptômes, mais aussi l’étiologie d’une pathologie, un praticien peut ouvrir la boite de pandore et le patient peut se retrouver débordé par des flash-back, des sensations intrusives, des angoisses, et arriver en hôpital psychiatrique. 
»

(1) Référence : « L’EMDR se met-elle le doigt dans l’œil ? » Jean-François Marmion, Le Cercle Psy, Septembre, octobre, novembre  2012, n°6 Cercle Psy 09 2012 (http://www.essentia.fr/presse-le-cercle-psy-sept-2012/)

L’EMDR illustre le fossé grandissant entre scientifiques et cliniciens : l’EMDR produirait un effet global sur la réduction d’intensité émotionnelle liée au souvenir traumatisant, sans vraiment avoir établi les mécanismes qui sous-tendent cet effet.

Brigitte Axelrad

faux souvenirs mémoire manipulée