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À propos de la connaissance de l’autisme
Voici quelques remarques, qui m’ont été inspirées par l’intéressant article de Brigitte Axelrad sur l’autisme, paru dans le n° 286 de votre revue. Madame Axelrad a tout à fait raison de dénoncer l’insistance des psychanalystes francophones à vouloir à toute force trouver des origines psychologiques aux syndromes autistiques.
Je regrette pourtant que jamais en France (et Mme Axelrad semble suivre l’attitude générale), on ne rappelle les travaux de l’embryologiste américaine Patricia Rodier (Rochester) qui a bien montré que, chez un certain nombre d’enfants autistes, on peut :
constater des anomalies neuroanatomiques de certains noyaux au niveau du tronc cérébral, anomalies qu’il est possible de situer dans les premières semaines du développement in utero (et donc ne pouvant pas avoir de rapports avec de quelconques influences psychologiques ni “éducatives”…et j’ai bien du mal à comprendre en quoi pareille constatation devrait être “compatible avec une approche psychanalytique” !) ;
vérifier que les anomalies constatées – l’atrophie, voire la quasi-absence de neurones – portent principalement sur les noyaux du corps trapézoïde, l’olive supérieure, le noyau du facial. Les deux premières structures sont des relais des voies auditives, la dernière est un noyau moteur destiné notamment à la musculature faciale et commande par conséquent les expressions faciales (et les mimiques.)
Il paraît évident à un neuroanatomiste que, dans les territoires thalamiques cibles de ces relais auditifs, les neurones ne peuvent s’organiser correctement en l’absence de leurs afférences normales, et ces anomalies ne pourront que se répercuter ensuite dans les territoires corticaux situés en “fin de chaîne”. D’où des troubles de l’audition. Les anomalies constatées dans ces territoires grâce à l’imagerie sont donc une conséquence d’autres déficits préalables bien plus précoces (vers 3-4 semaines ! de gestation) s’étant produits en amont, et cela est vrai aussi pour les anomalies de “la substance blanche” que vous évoquez.
De la même façon, l’atrophie du noyau du facial doit entraîner, si on la met en rapport avec les observations de l’équipe de Parme sur les “neurones miroirs”, un déficit plus ou moins important des expressions faciales, mais aussi de leur compréhension chez autrui (Vittorio Gallese et al.).
Tout cela devrait mettre définitivement fin aux élucubrations “psychologiques” culpabilisantes sur les causes de l’autisme, du moins si on s’efforçait, dans nos pays francophones, de bien l’expliquer au grand public. Pourquoi s’en abstient-on ? Serait-ce une vulgarisation trop difficile ?
Je me permets de vous signaler un article de Mme Patricia Rodier publié dans le Scientific American de février 2000 : intitulé « The Early Origins of Autism », il résume ses constatations. Quant aux travaux de Vittorio Gallese, ils sont nombreux et se trouvent facilement sur Internet.
Pr Jean Desclin (Bruxelles) – Site Mens sana
Merci de vos compléments d’information, qui confirment que les origines psychologiques des syndromes autistiques sont contredites par les travaux des neuroanatomistes. Nous apprécions particulièrement que votre démonstration soit aussi complète et référencée, ne laissant aucun doute sur la qualité des travaux scientifiques de l’embryologiste américaine Patricia Rodier. Votre conclusion a le mérite d’être claire en ce qui concerne « les élucubrations psychologiques culpabilisantes » à l’égard du rôle joué par la mère dans l’autisme de son enfant.
B. A.
Mis en ligne le 5 octobre 2009
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