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La parole à une personne autiste
Extraits réunis par Brigitte Axelrad – SPS n°300, avril 2012 publié par l’AFIS
Le film Rain Man a donné une image de l’autiste aux capacités intellectuelles étonnantes. S’il n’existe seulement qu’une faible proportion d’autistes surdoués, ce que dit l’un d’eux nous éclaire peut-être sur ce que vivent certains d’entre eux.
Voici donc quelques extraits du témoignage de Jim Sinclair, personne autiste de haut niveau, fondateur de Autism Network International.
Construire des ponts : une vue de l’autisme de l’intérieur
Je vis avec l’autisme depuis vingt-sept ans. Mais je commence seulement à apprendre ce que cela veut dire. J’ai grandi en entendant le mot, mais en ne sachant jamais ce qu’il y avait derrière […]. Je comprends beaucoup de choses sur le fait de ne pas comprendre. Habituellement, je comprends lorsque je ne comprends pas quelque chose et je commence à être capable de reconnaître le fossé entre ce que je comprends réellement et ce que les autres personnes supposent que je comprends.
Être autiste ne signifie pas être retardé
Être autiste ne signifie pas être incapable d’apprendre. Mais cela signifie qu’il existe des différences dans la manière d’apprendre […]. Mais ce qui me semble plus fondamental et plus fréquemment oublié, c’est que l’autisme implique des différences dans ce qui est connu sans apprentissage […]. Je suis pénalisé pour mon intelligence – les gens s’impatientent lorsque je ne comprends pas des choses dont ils pensent que je suis « assez malin » pour savoir ou pour imaginer par moi-même de quoi il s’agit.
Être autiste ne signifie pas être perturbé émotionnellement
Quand j’étais petit, l’autisme était considéré comme un trouble émotionnel. J’ai passé presque toute mon enfance dans l’une ou l’autre espèce de thérapie avec des thérapeutes démarrant avec le présupposé que je savais ce que les mots voulaient dire, mais que je ne savais pas comment contrôler mon propre fonctionnement. J’ai finalement appris à parler des sentiments lorsque j’avais vingt-cinq ans […]. J’ai appris à lire par moi-même à trois ans, et j’ai dû réapprendre à dix, et de nouveau à dix-sept, et à vingt et un, et à vingt-six ans. Les mots que j’ai mis douze ans à trouver ont été perdus, et retrouvés, et perdus, et ne reviennent pas tous au point que je puisse être raisonnablement confiant de les trouver lorsque j’en ai besoin […]
Être autiste ne signifie pas être indifférent
J’apprécie les gens uniquement pour eux-mêmes, non pour leur rôle ou leur statut, et non parce que j’ai besoin de quelqu’un pour remplir les espaces vides dans ma vie. Est-ce cela les déficits sévères de communication et de relation au sujet desquels je continue à lire des articles ? […]
Ce témoignage a été traduit de l’ouvrage suivant par Monique Deprez : E. Schopler, G.B Mesibov, High-Functioning individuals with Autism, New York, Plenum Press, 1992.